52 53 \ ALTITUDE vie locale Selon lui, l'œnotourisme (qui connaît un certain essor en Valais) demande des ressources importantes, ce qui fait que lui-même préfère privilégier son cœur de métier. «L'œnotourisme nous oblige à nous transformer en restaurateurs ou en hôteliers. On ne peut pas tout faire. Et les professionnels de ces secteurs sont de leur côté très heureux de prendre en charge nos clients», conclut-il. LE RELATIONNEL PAYE Grâce à ses réseaux dans le sport automobile (il a autrefois fait du rallye), Patrick a tissé des liens solides dans toute la Suisse romande. Il compte en particulier beaucoup d’amis dans le Jura, à Neuchâtel et à Genève. Ceux-ci lui passent commande sur des bases régulières. Bâtie sur le long terme, cette fidélité dépasse les logiques commerciales : «Ce qui fait tenir un domaine comme le mien, ce sont les relations humaines», confirme ce producteur qui livre en personne ses bouteilles. Un service à domicile que ses clients apprécient. À l’avenir, Patrick rêve de mécaniser davantage certaines parcelles de son vignoble. Il n’en reste pas moins réaliste : «Sur les zones les plus en pente, cette transition sera compliquée, voire impossible», analyse-t-il. Il aimerait aussi accueillir ses clients dans de meilleures conditions encore, mais sans dénaturer l’âme de sa cave. «Mon but principal est de continuer à être heureux et de transmettre quelque chose de vrai », résume-t-il. François Praz LA P'TITE CAVE laptitecave.ch +41 27 458 15 58 En 2001, son fils Patrick en a repris les rênes. Depuis, il n’a eu de cesse d’insuffler une dynamique nouvelle à cette petite exploitation, ceci en restant fidèle aux valeurs de simplicité, d’authenticité et de respect du terroir qui étaient celles de son père. À ses débuts, le domaine s’étendait sur 5’000 m². «Mon père s’en occupait comme d’un hobby», se souvient Patrick. Vingt ans plus tard, lui-même cultive 5,5 hectares de vignes, dont trois situés autour de la cave, à Saint-Clément. Son parcours est pour le moins atypique. Avant de se consacrer pleinement à la viticulture, il était polymécanicien. «J'ai fait mon CFC, après quoi j'ai travaillé durant 14 ans à la Société des téléphériques de Crans-Montana SA comme mécanicien d'entretien. J'ai ensuite obtenu un brevet fédéral dans les téléphériques», confirme-t-il. La transition vers le monde du vin s'est opérée du fait du besoin de s'occuper du vignoble familial existant. L'agrandissement de ces surfaces a nécessité des investissements conséquents et un apprentissage constant avec le soutien de professionnels. Cette croissance s’est cependant toujours voulue mesurée. «Je n’ai jamais cherché à devenir grand. Je souhaite juste faire les choses bien», insiste-t-il. UNE DIVERSITÉ NATURELLE Si Flanthey est intimement associé au Cornalin, Patrick souligne la grande diversité de terroirs dans cette zone. «Nous sommes la région où l’on recense le plus de cépages différents en Valais», rappelle-t-il. Cette richesse permet à La P’tite Cave de proposer une gamme de vins variée, allant du Muscat (qui trouve une expression particulièrement qualitative ici) à l'Humagne Rouge en passant par la Syrah. Loin de se sentir «enfermé» par l'image du Cornalin, Patrick y voit surtout une carte de visite attrayante pour son village, un peu comme cela est le cas pour la Petite Arvine à Fully ou pour le Johannisberg à Chamoson. Chacun à sa manièrecontribueàcomposerlamosaïquedesvins du Valais. CLINS D’ŒIL ET RELÈVE Parmi les vins de La P’tite Cave, le «Baron de Saint-Clément » intrigue. Il ne s'agit pas d'un assemblage, mais d'un Diolinoir élevé une année en barrique. Cette appellation originale constitue un clin d'œil affectueux au père de Patrick. C’est ainsi qu’on avait en effet surnommé Pierre-Louis quand il allait prendre un verre au village voisin de Saint-Léonard. Cette anecdote illustre bien la dimension humaine et les attaches personnelles qui nourrissent l'esprit de La P’tite Cave. Aujourd’hui, le fils de Patrick fréquente les bancs de l’école cantonale d’agriculture de Châteauneuf. Ce choix a surpris son père, car Nicolas ne voulait pas en entendre parler et, en fin de compte, il a quand même opté pour cette voie. S’il se garde bien de faire trop de plans sur la comète, Patrick voit dans cet engagement le signe d’une belle continuité. Son fils aura en tout cas les outils en main pour reprendre le flambeau. Mais il n’appartient qu’à lui seul de décider quelle sera son orientation professionnelle définitive. Comme toujours chez les Luisier, une telle transition ne pourra se faire qu’en douceur, sur la base d’échanges entre générations et dans le respect mutuel. PRIVILÉGIER LA VENTE DIRECTE La P’tite Cave est membre de l’association Les Coteaux de Sierre et de celle des encaveurs du Haut-Plateau, ce qui lui offre des opportunités de mettre en avant ses vins. En matière de vente et de promotion, une participation active aux événements locaux est d’usage. Outre les traditionnelles caves ouvertes de mai, Patrick table aussi sur l'accueil dans son carnotzet.
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