Altitude Magazine N° 17.

38 vie locale «Dès que j’ai franchi les portes de Changins, je ne voulais pas être enfermé dans un laboratoire. La carrière d’ingénieur œnologue n’a jamais éveillé en moi la moindre passion. Mon objectif consistait à trouver un équilibre entre la culture de la vigne et l’art de produire du vin. Porté par cette quête d’harmonie, j’ai suivi les formations de pépiniériste, de viticulteur et d’œnologie», confie Jérôme Favre. Depuis 2013, le jeune vigneron-encaveur se retrouve à la tête de cette cave à l’architecture contemporaine édifiée en 2006. Sa tour centrale comporte un captivant escalier en colimaçon dont les bordures extérieures servent de chai à barriques. LA FAMILLE ET LE LABEUR Dans sa pratique, Jérôme Favre perpétue les valeurs qui ont guidé son père Simon lors de la création de ce domaine (voir encadré). Le sens de la famille constitue l’une des pierres angulaires de son approche. Le vigneron de Venthône a la chance de pouvoir compter sur ses proches en cas de besoin, ce qui représente une source de réconfort et une force inestimable. À 72 ans, samère Fabienne, pépiniériste et viticultrice diplômée de l’École supérieure de viticulture de Montagibert à Lausanne, continue à lui donner «de sacrés coups de main», comme il aime à le mentionner. Même s’il refuse d’anticiper, le fils de Jérôme Favre pourrait, s’il le souhaite, prendre un jour le relais. Mais il est encore un peu jeune pour cela, puisqu’il n’a que sept ans. TRADITION ET INNOVATION La Cave d’Anchettes incarne un sens de l’authenticité remarquable. «La qualité du travail fourni sur la vigne est l’élément avec lequel je ne transige jamais. Tout se joue sur le terrain et non pas à la cave», insiste Jérôme Favre. Cette rigueur ne l’a pas pour autant conduit vers la filière du bio, une vision envers laquelle il nourrit un certain scepticisme. Ce qui ne l’empêche pas de réduire autant que faire se peut le recours aux traitements chimiques. Le 85% de son domaine se situe sur les coteaux de laNoble Contrée et les 15%restant sur les communes adjacentes de Sierre et de Crans-Montana. Sur ces treize hectares, on recense une trentaine de cépages. Ce sont 52’000 bouteilles qui sont produites à partir de ce terroir chaque année. Parmi les vins proposés figurent quelques cépages inattendus, tels que le Pinotage (que son grand-père avait importé d’Afrique du Sud) ou le Carménère, implanté en 2013. Au travers de ces exemples, on perçoit l’importance de l’héritage dû à trois générations de pépiniéristes. UNE SOBRIÉTÉ LOUABLE Jérôme Favre ne prend pas part aux traditionnelles caves ouvertes du mois de mai en Valais. Il préfère les visites sur réservation destinées à une quinzaine de visiteurs qu’il peut ainsi accueillir dans des conditions optimales. Car il aime prendre son temps avec ses hôtes. Sa clientèle est en majorité issue des cantons romands et un peu de Suisse alémanique.

RkJQdWJsaXNoZXIy MjIzNzg=